Psychose, schizophrénie, modification du caractère… Une psychiatre spécialisée dans les addictions liées aux drogues nous explique les dangers pour la santé de la consommation de cette drogue qui a de plus en plus d’adeptes mineurs d’âge.
« Relax, Maman, c’est seulement de la beu, ce n’est pas nocif pour la santé et ça ne crée pas de dépendance. Tous mes amis en fument. » C’est ce que beaucoup d’ados disent à leurs mères quand celles-ci trouvent un paquet de feuilles à rouler dans leur sac-à-dos. Mais les ados ne sont pas les seuls à penser cela des joints. Les croyances de ces jeunes sont partagées par une grande partie de la population. Le prix modique du cannabis, la facilité avec laquelle on le trouve, son image sympa malgré ses effets nocifs et la permissivité sociale actuelle ont convertit la marihuana en une drogue facile à consommer et initiatique. Presque un jeune sur cinq âgé de 15 à 34 ans admet avoir fumé des joints au cours de l’année écoulée.
Pour eux, le cannabis est devenu quelque chose de presque inoffensif, un peu comme la nicotine pour les générations précédentes. Cependant, ses effets sur la santé sont dévastateurs. Le cannabis peut provoquer de la dépendance, augmenter le risque de se tourner vers des substances encore plus dangereuses et favoriser les maladies mentales. Voici quelques-unes des conséquences des «trips de maria ».
1. Troubles de l’apprentissage
La consommation de cannabis chez les moins de 18 ans, dont le système nerveux est encore en plein développement, a généralement de graves conséquences sur la santé mentale, parce qu’elle affecte directement la cognition, la capacité de l’être humain à apprendre au travers des organes de perception. Une étude de l’Hospital Clinic de Barcelone a montré que l’âge de début de cette habitude peut conditionner les changements structurels causés dans le cerveau. Ceux-ci sont plus importants si l’on commence avant l’âge de 16 ans et peuvent causer des problèmes de conduite à l’âge adulte. Avant 16 ans, le cerveau est encore en formation et ne s’est pas complètement développé, c’est pourquoi les effets du cannabis sont beaucoup plus indésirables que chez les personnes plus âgées.
Une autre étude récente réalisée sur la question par le Centre de Santé Cérébrale de l’Université de Texas a conclu- en relation avec beaucoup d’autres études antérieures- que fumer cette substance provoque, au début, une plus grande activité cérébrale, qui commence ensuite à se dégrader rapidement. Cette détérioration est accompagnée d’une lente perte de matière grise, qui pourrait expliquer la réduction du coefficient intellectuel dont souffrent les consommateurs habituels.
2. Addiction
16% des personnes qui commencent à consommer de la marihuana durant l’adolescence développent une addiction, selon le chercheur Wayne Hall, de l’université de Queensland, Australie, qui a fait une compilation comprenant vingt années de travaux scientifique sur le cannabis. Ces données indiquent que cette drogue est, quoi qu’il en soit, moins addictive que d’autres substances d’usage fréquent, comme la nicotine, qui a un taux de dépendance de 32%, l’héroïne (23%), la cocaïne (17%) et l’alcool (15%).
3. Syndrome amotivationnel
Un certain nombre de fumeurs quotidiens de marihuana développent un syndrome amotivationnel, c’est-à-dire le typique « je n’ai envie de rien ». Il est caractérisé par l’apathie, la perte d’envie et le peu d’intérêt du jeune pour ses amis ou sa famille. Ce trouble est lié à la consommation. Il ne cesse pas immédiatement après avoir arrêté de fumer mais n’occasionne pas de dommages permanents.
4. Augmentation des risques au volant
se mettre aux commandes d’un véhicule après avoir consommé du cannabis peut avoir des conséquences fatales. Il a été démontré que cette substance altère la perception de l’environnement, provoque la somnolence, augmente le temps de réaction et diminue la capacité de détection des risques présents sur la route.
Avec la consommation combinée de cannabis et d’alcool, qui est généralement habituelle, les effets s’additionnent de façon incroyable et le fait de prendre le volant est encore beaucoup plus dangereux.
5. Modification du caractère
La consommation fréquente de hachich provoque une modification du caractère, principalement chez les mineurs d’âge, et, par conséquent, détériore la cohabitation dans le foyer. Les jeunes s’isolent, deviennent plus irritables et anxieux et peuvent même devenir agressifs avec leurs propres parents.
6. Psychose
La consommation habituelle de cette drogue favorise également l’apparition d’épisodes psychotiques et ce, particulièrement chez ceux qui ont commencé à fumer de la marihuana durant l’adolescence ou ont des parents qui souffrent de ce type de troubles. La psychose est caractérisée par l’anxiété, les délires paranoïaques ou de persécution et les idées suicidaires, qui sont généralement accompagnées de panique, de paranoïa, de dépression et de désorientation dans le temps et dans l’espace.
7. Schizophrénie
La consommation de cannabis favorise le début précoce de la schizophrénie, qui est la forme la plus grave de perte de contact avec la réalité. Les mineurs de 18 ans ont plus de risques de la développer que les autres personnes. La gravité des effets dépend de la dose mais la consommation habituelle est déjà en soi un facteur de risque, même en petites quantités. Pour les spécialistes, il est fondamental de combattre la consommation afin de retarder l’apparition de la maladie. La consommation chez les adultes est une décision individuelle mais, chez les ados, elle doit absolument être évitée.
8. Le cannabis donne faim et envie de dormir
Un des plus grands effets connus de la marihuana est la faim féroce qu’elle provoque peu après sa consommation, avec des envies plus particulièrement sucrées. Mais pourquoi cette drogue ouvre-t-elle l’appétit ? Une nouvelle étude réalisée par des scientifiques internationaux a donné une explication neuronale du phénomène. Selon cette nouvelle recherche effectuée sur des souris, le fonctionnement des cellules chargées de réduire la sensation de faim change lorsque le récepteur cannabinoïde est activé. Cela signifie que la stimulation de l’appétit est conduite par les mêmes neurones que celles chargées de générer la sensation de satiété, connues sous le nom de proopiomélanocortine (POMC), ce qui explique pourquoi l’impression « d’être plein » disparaît.
La consommation de marihuana provoque aussi la somnolence. Beaucoup de personnes fument le soir pour pouvoir dormir. L’abstinence, en revanche, cause des insomnies.
9. Le cannabis affecte les femmes enceintes et la qualité du sperme
Entres autres effets négatifs de la consommation prolongée de marihuana, celle-ci réduit la quantité et la qualité du sperme. Cette drogue diminue le volume séminal chez l’homme. Mais les futurs enfants des femmes enceintes qui consomment de la marihuana souffrent aussi des conséquences de la consommation de leur mère. Plusieurs études épidémiologiques ont détecté une relation entre la consommation de cette substance et le poids réduit des bébés au moment de la naissance. Son utilisation au moment de la grossesse peut causer des problèmes chez le fétus, mais moins que l’alcool.
10. Complications au niveau physique
L’utilisation prolongée peut produire des complications chroniques qui affectent le système respiratoire, provoquant l’irritation bronchiale et pulmonaires. Le cannabis dilate les bronches. L’exposition prolongée est associée au développement de bronchites obstructives et à l’augmentation du risque de cancer du poumon. La toux chronique et la réduction de la capacité pulmonaire sont aussi plus fréquentes si la consommation est répétitive.
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